Je reçois des demandes pour créer des capsules audio très variées et l’envie de conserver l’histoire de ses parents revient régulièrement. C’est pour cela qu’aujourd’hui j’ai sélectionné deux podcasts, réalisés par les journalistes, Liz Gomis et Théo Fortunato, sur l’un de leur.
À travers l’histoire de leur proche, ils permettent d’entendre, d’un point de vue plus universel, ce que peut-être une relation parent/enfant, l’impact que la vie de l’un peut avoir sur l’autre.
Dans « Mon père est sur écoute », Théo Fortunato enregistre son père de 55 ans qui souffre de délire de persécution. Le micro, prétexte à l’échange, permet de catalyser certains détails ou événements de la vie quotidienne de cet homme (dans un live ARTE Radio, le journaliste précise que des choses dites lors de l’enregistrement n’auraient sûrement jamais été formulées sans).
J’ai apprécié la sincérité qui se dégage tout le long ce documentaire. Par exemple, son réalisateur est parfois en colère ou agacé contre son père qui souffre de troubles psychiques et ne s’en cache pas pour ne conserver que les moments de complicités, qui existent réellement. Il donne également la parole aux soignants qui apporte un éclairage différent, professionnel, sur ce que vit son père.
Dans « Sur la vie de ma mère », Liz Goomis, croise son discours et celui de sa mère, pour parfois laisser place à des échanges directs entre elles. On entend leur deux histoires qui s’imbriquent, leur deux vies de femmes qui se sont construites dans des périodes et des conditions très différentes. L’une est analphabète, née en Guinée-Bissau, elle immigre et devient femme de ménage en France. L’autre, sa fille, est journaliste qui comptent parmi ses employeurs Canal+, France 4 et Radio Nova. Son parcours, elle le doit à sa mère, une féministe qui s’ignorait.
À travers ce choix, je voulais aussi partager mon intime conviction de l’importance de conserver la paroles de gens à qui l’on ne demande pas souvent de parler, qui n’ont peut-être jamais été entendus et encore moins enregistrés.
Comment comprendre une époque, une société, des attitudes tout en occultant une partie des individus qui y contribuent ?
Et puis se souvenir de choses douloureuses, les mettre en mots clairs, et parfois en rire, peut donner envie de se battre, et je crois que c’est aussi l’un des rôle de la transmission. Liz Goomis a elle même expliqué qu’enregistrer et diffuser la parole de sa mère c’est également la célébrer, la conserver et l’archiver pour la postérité.
Peut-être qu’un jour ses petits-enfants l’entendront et que cette parole leur sera utile. Et c’est surtout pour cette raison que sa mère a accepté.