22 décembre 2021

Calendrier de l’Avent – 22

Ornement de cheveux porté par l’Impératrice Elisabeth, 1865
©Schloß Schönbrunn Kultur- und Betriebsges.m.b.H.

Gerald Blanchard commet son tout premier méfait à 6 ans : le vol d’une bouteille de lait sur le perron du voisin. Son cœur bat à la chamade et le goût lui semble meilleur que d’habitude. Il est accro.

Dyslexique avec des troubles du langage, Gerald s’avère être un génie absolu de ses dix doigts. Dans le centre d’éducation surveillé qu’il fréquente suite à ses larcins, il apprend rapidement la construction, la menuiserie, la mécanique automobile et les maquettes.

Avec sa maîtrise de l’électronique, il développe une passion pour les caméra et la surveillance. Il filme ses cibles, ses exploits et les liasses de billets qu’il amasse. À 16 ans, il achète une maison à sa mère avec 100 000 dollars en liquide (et l’aide d’un avocat). Si la vie du canadien est riche en anecdotes et en rebondissements, on se penche aujourd’hui sur son séjour à Vienne.

En 1998, Gerald, sa petite amie et son père fortuné font un tour d’Europe pendant 6 mois. Lors de leur passage à Vienne, ils visitent le château de Schönbrunn (le Versailles autrichien). Le statut VIP du beau-père leur permet de voir en avant-première l’étoile de diamant de Köchert, surnommée l’étoile de Sissi. 10 branches, ornée de diamants et surmontée d’une énorme perle, elle fut conçue pour orner la longue chevelure de l’impératrice Elisabeth. Il n’en reste que deux dans le Monde et le public n’en a pas vu depuis 75 ans.

Au premier coup d’œil, Blanchard sait qu’il va s’en emparer. Il repère les détecteurs de mouvements, le type de vis sur le boîtier qui protège le bijou, les grandes fenêtres à proximité. Toutes les failles sont analysées. Le bijou est estimé à 2 millions, il ne pourra pas être revendu mais il le lui faut.

Avec son téléphone, il filme chaque détail de la pièce, il desserre discrètement les vis du boîtier protecteur et déverrouille les fenêtres avant de rejoindre le personnel dans la salle voisine. En partant, il achète une réplique de l’étoile à la boutique de souvenirs, repère les gardes postés à chaque entrée et remarque que le toit n’est pas surveillé. Ça tombe bien, Gerald est à l’aise en parachute et a récemment rencontré un pilote allemand partant pour une sortie.

La nuit suivant cette visite, un avion ralentit et descend au-dessus du château. Blanchard en saute et tente atterrir en douceur sur les tuiles. Comme dans un film d’action, il manque de dépasser sa cible, dérape et échappe de peu à une chute de 4 étages en s’accrochant à la balustrade du bord du toit. Après cette frayeur, il détache son parachute, sort une corde et descend le long du bâtiment. Il entre par la fenêtre déverrouillée la veille, s’approche doucement du présentoir, retire les vis desserrées, déjoue l’alarme et remplace avec dextérité l’étoile avec la réplique achetée la veille.

Le bijou de Sissi dans sa poche, le voleur file en rappel le long du mur et quitte les lieux par le jardin sans oublier sa corde. Quand l’étoile est présentée le lendemain, personne ne se rend compte de la supercherie, mis à part Blanchard qui n’a pas pu résister à l’idée de voir le public émerveillé par la réplique. Le parachute est trouvé dans une poubelle, personne ne fait le lien avec l’étoile car personne ne sait qu’elle a disparu. 2 semaines passent avant qu’on ne réalise quoi que ce soit.

Blanchard est un virtuose du crime qui est arrêté en 2007 et condamné à 8 ans de prison pour 40 chefs d’accusation. Comment a-t-il été attrapé ? Une erreur de débutant suite à un casse monumental : il a loué une camionnette sous sa véritable identité. Lors de son arrestation, l’étoile est retrouvée là où était cachée, dans le sous-sol de sa grand-mère. Le bijou est remis à l’Autriche deux ans plus tard.

Pour en savoir plus sur Gerald Blanchard, je vous recommande l’article de Josué Bearman pour Wired.

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