6 décembre 2021

Calendrier de l’Avent – 6

Miss Mary Sheperd (Margaret Fairchild), 1980, par Tom Miller
Miss Mary Sheperd (Margaret Fairchild), 1980, par Tom Miller

C’est en 1974 que le dramaturge Alan Bennett voit une camionnette jaune, peinte à la main, se garer devant chez lui. Au volant se trouve « Miss Mary Sheperd », une vieille femme d’1m80.
Chaque jour, depuis sa fenêtre, il peut voir des gens râler, l’embêter voir la harceler parce qu’elle empile du plastique sur le trottoir et tout autour du van. Alors, régulièrement, Alan intervient pour leur dire de partir et de la laisser tranquille. Par régulièrement entendez « presque tous les jours », voir « plusieurs fois par jour », à tel point que cela le distrait de son travail et qu’il n’arrive pas à avancer. En plus de vivre dans son van, il faut savoir qu’elle est désagréable, qu’elle ne sourit jamais et qu’elle est agressive. Mais cela ne fait rien, Alan ne peut pas la laisser comme ça.
Cela ne peut plus durer, l’auteur sort de chez lui et propose à Miss Sheperd de se garer dans son allée, là où personne n’irait plus l’embêter. Elle accepte.

Ce qui devait durer quelques mois dure 15 ans, jusqu’à la mort de la vieille femme en 1989.
Et c’est seulement là qu’Alan Bennett découvre la véritable histoire de sa « voisine », à travers la bouche de son frère. Il entend pour la première fois le récit de la vie romanesque de cette femme, digne d’un de ses écrits.

Margaret Fairchild (c’est son vrai nom) est née en 1911 dans une famille bourgeoise. Elle commence par une carrière de pianiste de concert, après avoir étudié à l’école normale de musique de Paris sous la direction d’Alfred Cortot.
À 25 ans, sous le nom de Mary Teresa, elle devient nonne sur Gloucester Avenue à Londres, non loin de ce qui deviendra l’adresse d’Alan Benett des décennies plus tard.
Pendant la seconde guerre mondiale, formée à la conduite des ambulances, elle tombe en amour avec le volant et les véhicules. Mary vit ensuite neuf ans avec sa mère, à Notting Hill. La relation entre les deux femmes n’est pas au beau fixe et l’état mental de notre héroïne se dégrade. Son frère, inquiet, la fait interner à plusieurs reprises. Elle s’échappera à chaque fois.
Au bout d’un an et un jour, la société constate qu’elle peut vivre sans surveillance, elle n’a pas besoin de la tutelle de sa mère ou d’une quelconque hospitalisation.

Plus tard, en 1960, au volant de sa camionnette, elle est heurtée par un cycliste qui décède. Persuadée de sa responsabilité, elle quitte les lieux et change de nom pour « Miss Shepperd ». Elle vit dans la peur d’être retrouvée et se déplace régulièrement jusqu’à s’arrêter vers Gloucester. Les nonnes la nourrissent parfois mais elle agace beaucoup, souvent, toujours avec ses empilages de plastique tout autour de son van jaune. Jusqu’en 1974 où un homme intervient, notre Alan Bennett.

Il écrira son histoire avec Margaret Fairfield The Lady in the Van sous forme d’essai d’abord, puis de livre qui sera adapté en pièce de théâtre, puis en pièce radiophonique pour la BBC et enfin en film.
Dans toutes les adaptations, Maggie Smith interprète la vieille dame excentrique quand Alan Benett joue son propre rôle dans le film.

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[2] : La durée peut changer en fonction des options choisies.

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