Connaissez-vous l’île de Sein ? Elle se situe en Bretagne, dans le sud-est de la mer Celtique. Ce bout de terre s’étend, un peu comme un serpent, sur 2km et sa largeur varie en 30 et 500m. Aujourd’hui, en basse saison, elle compte un peu plus de 210 habitants (qu’on multiplie par 10 pendant l’été) et est connue pour son nombre de ses résistants. Après l’appel du général de Gaulle en 1940, sur les 400 hommes qui l’ont rejoint 130 venaient de là-bas, presque tous les hommes valides de l’île…
Mais ce n’est pas de cette histoire de l’île dont je veux vous parler. Depuis plus de 10 ans, un homme y est attendu comme le Messie et accueilli en héros lorsqu’il y pose le pied à terre tous les deux mois.
De novembre à mars, à cause des intempéries, du peu de transports et de la solitude, l’île se vide de ses touristes et de certains de ses résidents. Par « peu de transport », j’entends qu’il n’y a qu’un seul bateau par jour qui parte vers le continent. Il quitte l’île à 16h00 pour un trajet de 50 minutes. Pour revenir ? Il suffit d’attendre le lendemain matin pour l’unique bateau faisant le chemin inverse, départ à 09h00.
Le hic, c’est quand un habitant doit faire une petite course, a besoin d’un service qui n’est pas présent sur l’île. Ce qui, pour vous et moi, est un petit aller-retour en bas de la rue se transforme rapidement en véritable périple.
Pour une coupe de cheveux par exemple, un.e Sénan.e n’arrive qu’à 16h50 dans la première ville, court pour trouver un salon encore ouvert et doit ensuite dormir sur place pour ne repartir que le lendemain matin…
En 2010, Mikaël Donnars, notre héros donc, accompagne sa femme aide-soignante en remplacement sur l’île. Au fur et à mesure des conversations, les habitants apprennent sa profession : il est coiffeur. Des étoiles scintillent dans les regards et des idées poussent derrières les têtes. Accepterait-il de venir, de temps en temps, dégager leurs oreilles et boucler leur chevelure ?
Pendant sa visite, Mikaël n’a pas pu s’empêcher de remarquer les coupes des insulaires, le plus souvent, vous vous en doutez, faites « maison » (oui, ils avaient renoncé aux formules « aller-retour + nuitée » mensuelles). Le capilliculteur accepte assez rapidement de se rendre une fois par mois sur l’île pour coiffer, à la caserne ou à domicile, tous les habitants qui le souhaitent. Finies les expériences capillaires et les grands coups de tondeuses. Enfin, presque. À cause du vent, ou par peur qu’il ne revienne pas, ceux sont les coupes très courtes qui ont le plus de succès !
Si vous voulez accompagner Mikaël sur une de ses tournées, je vous recommande chaudement l’épisode du podcast Les Pieds sur Terre qui lui est consacré.